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[Histoire d'Entrepreneure] - Anne Bienvenu
Je m’appelle Anne Bienvenu, j’ai 27 ans. J’ai grandi à Rennes, après avoir fait mes années de lycée à Saint-Martin. J’ai ensuite intégré l’école en IBPM dans la 6ème promo. Je me suis spécialisée dans le marketing et la communication. Ensuite, j’ai intégré un Master Innovation and Entrepreneurship qui m’a beaucoup plu et permis de comprendre les tenants et les aboutissants de la création et gestion d’une entreprise.
Étant lycéenne, je savais que le milieu du commerce me plairait (même si j’avais hésité avec une école d’art après le baccalauréat). Le programme IBPM m’a permis de faire un stage chaque année. Mes trois stages de Bachelor étaient très orientés sur le marketing et les relations commerciales, notamment sur la satisfaction client, le parcours clients et la vente. Mon premier stage s’est déroulé chez Comptoir des Cotonniers (Rennes), mon deuxième à la Société Générale (Direction Régionale de Bretagne) et mon troisième stage chez IKEA (Pacé). À l’époque, j’étais moins attirée par la logistique, la comptabilité, l’IT ou encore la RH. Le comble, c’est qu’aujourd’hui ces domaines font parties intégrantes de mon métier, j’ai dû apprendre à tout faire et c’est venu très naturellement grâce à mes études.
En Master, j’ai commencé un stage comme « consultante junior en stratégie et projets innovants », dans une entreprise appelée Intelleco (Paris - 18ème). Mon client principal était L’OREAL. Je devais détecter pour lui les innovations dans le milieu de la cosmétique du plus grand Groupe à l’initiative étudiante, dans l’objectif de créer de nouvelles innovations produits pour l’Oréal. Je me souviens avoir été surprise par la tendance actuelle de l’époque : le cosmétique x les jeux vidéos, mais aussi, le cosmétique x la food. J’avais trouvé ça intéressant. Et je peux vous assurer qu’aujourd’hui, les cuisiniers sont très sollicités par les marques de cosmétique, mode et luxe en général pour des collaborations. Tout cela était donc très intéressant et formateur, mais aussi très éloigné de ce que j’avais envie de faire : cuisiner, faire quelque chose de manuel et créatif. J’étais aussi mal à l’aise en tailleur, talons aiguilles, à parler chiffres au quotidien, ventes annuelles, les afterworks… c’est cliché, mais c’était ma réalité, mon quotidien… et c’est l’image que j’ai gardé du milieu du business dans les grandes villes, intense et parfois énergivore. J’ai quitté mon poste de consultante junior, mais aussi la super équipe de l’entreprise dans laquelle j’évoluais, avec l’accord de ma manager très compréhensive et encourageante.
J’ai changé de secteur, mais pas de poste. J’ai intégré une petite agence de conseil culinaire « TLM » (d’ailleurs, je crois qu’elle n’existe plus). TLM aidait les tiers lieux qui avaient une activité de restauration mais dont ce n’était pas l’activité principale. Ses clients faisaient appel à ses services lorsque l’activité ne fonctionnait pas (du moins, pas assez bien selon leurs objectifs) ou au contraire, lorsqu’elle fonctionnait trop bien mais que les gérants n’avaient pas toutes les clés pour bien évoluer. Cela m’a permis d’en apprendre plus sur les métiers de la restauration. A l’époque, il y a 6/7 ans, je me suis rendue compte qu’il y avait un véritable changement dans ce milieu : jadis, le métier de restaurateur se transmettait de « père en fils », de nos jours (même si c’est toujours le cas), il y a beaucoup de reconversions, d’autodidactes mais aussi de femmes qui rejoignent le milieu. À l’heure actuelle, en 2023, c’est encore plus le cas.
Mon MSc était organisé de façon différente des autres Master, car nous partions en stage au milieu du cursus et revenions pour 2 ou 3 mois de soutenance après ce stage. C’est à ce moment-là, qu’il s’est passé une chose assez marrante : M6 m’a contactée pour faire un concours de cuisine avec Norbert TARAYRE et Bruno CORMERAIS (le célèbre duo Jury des Meilleures Boulangeries de France). La chaine m’a proposé de participer au concours en duo : j’ai instinctivement proposé à ma grand-mère Hélène de le faire avec moi. Nous avons eu la chance de remporter le concours, c’est là que j’ai eu un déclic : pourquoi pas me lancer dans la cuisine professionnellement, qu’avais-je à perdre ? Il y aurait forcément un moyen de mêler passion pour la cuisine et entrepreneuriat.
Je me suis décidée à partir à Paris pour suivre une formation courte pour adulte. Pas un CAP, juste une formation professionnalisante (je visais l’école de Thierry Marx). J’ai loupé les inscriptions pour la rentrée scolaire. Je me suis alors dit que j’allais travailler en tant que commis dans les restaurants en attendant la prochaine rentrée, que j’apprendrais quelque chose et puis, il fallait bien que je paye mon loyer et mes courses !
J’ai travaillé quelques mois dans un restaurant Parisien dans le 13ème (qui a fermé aussi). J’ai appris les codes du métier, le vocabulaire, quelques techniques de cuisinier, les normes d’hygiène… j’ai participé à l’ouverture d’un restaurant, appris les bonnes pratiques, vu les choses à éviter, les aspects à maitriser, ceux à déléguer… et je me suis lancée seule, sans passer par la case « formation » finalement.
- Peux-tu nous présenter ton activité ?
En 2018, j’ai créé « Le Fermont » qui était à la base un blog de cuisine. Puis, j’ai cuisiné pour quelques évènements familiaux plus ou moins gros (à l’époque cuisiner pour 30 était un très gros évènement ahah). Puis en Janvier 2019, j’ai transformé « Le Fermont » (www.lefermont.com) en une entreprise et obtenu mon statut d’auto entrepreneur. À l’époque je me suis lancée comme cheffe à domicile : j’allais cuisiner chez les particuliers et professionnels, j’occupais leur cuisine le temps d’un repas.
En un plus de 5 ans, l’activité a évolué (mes envies aussi : j’ai voyagé entre temps, appris la voile, le surf, la permaculture en général et déménagé dans la campagne finistérienne près de la mer). Nous sommes devenus traiteur évènementiel (cocktails apéritifs, buffets, brunch et repas assis), décorateur et coordinateur d’évènements. À l’heure actuelle, nous nous déplaçons pour des événements de 20 à 150 personnes. À ce jour, je ne suis plus toute seule dans l’entreprise, on est deux « associées ». Philippine, mon amie d’enfance, m’a rejoint et gère la partie décoration et coordination d’évènements. C’est agréable de lui déléguer ces tâches pour me concentrer sur la cuisine. On est complémentaires, on avance ensemble, on créé ensemble, on organise ensemble : tout se développe plus vite et plus aisément. Nos clients nous contactent pour tous leurs moments de vie à célébrer (mariages, baptêmes, anniversaires). La cuisine que l’on propose est une cuisine aux saveurs Bretonnes et Asiatiques de retour de marché, donc on cuisine des produits locaux, biologiques, frais et de saison. Nous n’avons pas de vaisselle jetable car nous avons une démarche qui est vraiment durable et écologique. On décore les tables avec de la vaisselle haut de gamme, des accessoires de décoration et des fleurs (les plus locales possible elles aussi).
Finalement, j’ai « quitté » le milieu de l’entreprise pour le milieu de la cuisine et je me suis retrouvée à faire un mélange des deux. Je suis fière du parcours que j’ai pu effectuer à l’école parce qu’aujourd’hui j’estime que grâce à RSB j’ai toutes les clés pour gérer mon entreprise, et ma passion pour la cuisine fait le reste. J’évolue dans un milieu entrepreneurial que je trouve sain, entourée d’autres entrepreneurs qui ont les mêmes valeurs que moi (il y a beaucoup d’entrepreneurs dans mon entourage proche : artisan, artiste, marin, graphiste, tatoueur, prof de yoga, fleuriste…).
- Ta plus belle rencontre et ton meilleur souvenir grâce à RSB ?
J’ai fait plein de belles rencontres au cours de mes études. Mes copines de Bachelor sont toujours mes meilleures amies. Ma plus belle rencontre (c’est un peu cliché de le dire haha), mais c’est mon copain, qui s’appelle Witold. Lui était en P25, on fait le même MSC IE, il est développeur informatique en freelance. Il a appris ce métier là en stage, aujourd’hui, il l’exerce toujours et travaille pour des projets culturels (en plus de rénover une maison bretonne très vielle qu’on a achetée). On va bientôt se marier d’ailleurs ! J’ai aussi rencontré ses amis d’école qui sont devenus les miens.
Je me souviens d’une phrase qui m’avait marquée le premier jour de rentrée scolaire, j’avais rencontré Omar professeur d’IT. Il disait qu’il y aurait un gros pourcentage d’entre nous qui allait rencontrer leur âme sœur pendant leurs études. On avait tous rigolé, et finalement il ne mentait pas !
- Quelles sont les valeurs que tu portes dans ton travail ?
Il faut toujours être optimiste et positif, il faut croire en soi (mais toujours se remettre en questions pour avancer), ne jamais baisser les bras et beaucoup travailler. Je dirais qu’il faut aussi être honnête et bienveillant.
Ce sont aussi des valeurs que j’applique dans ma vie de tous les jours car je suis quelqu’un d’entier qui aime beaucoup les autres, donc mon travail ne vient pas de nulle part !
- Quelle est ta plus grand réussite ?
Je ne peux pas parler de grandes réussites car je suis trop jeune pour en parler, mais à l’heure actuelle, je peux dire que c’est faire le métier que j’aime, m’épanouir et surtout de pouvoir vivre de ma passion !
- As-tu un talent caché ?
Je n’ai pas de talent caché, quoi que je commence à bien bricoler (travail du bois, la maçonnerie, la peinture…) ! J’ai une passion secrète pour les outils de bricolage, je n’arrête pas d’en acheter ahah
- Le mot de la fin ?
Il y’a une citation d’Eleanor Roosevelt qui m’a aidé à me motiver pendant que je me lançais et qui m’aide toujours à ce jour : « Do something that scares you every day ».
Je crois que le propre de l’entrepreneur est de prendre des décisions rapides (mais pas hâtives).
Prendre des risques -mesurés et réfléchis- comme investir au bon moment et dans le bon outil.
C’est aussi bien s’entourer, ne pas négliger ses proches, et s’écouter en priorité (si toi tu as envie de le faire et que tu t’en sens capable : fonce sans écouter ceux qui ont peur pour toi).
Il faut prendre soin de son corps - pour tenir le rythme intense et le stress.
Pour conclure, l’aventure de l’entrepreneuriat est effrayante mais géniale et épanouissante. Je ne la regrette pas !
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